
Dans un futur où la Nappe, la réalité augmentée omniprésente, dicte l’existence et où les intelligences artificielles ont supplanté l’humain dans presque tous les domaines, que reste-t-il de l’humanité ?
Mia, influenceuse en quête de sens, Jo, mercenaire brisé devenu cyborg contre son gré, et Loup, ex-programmeur de cyberdrogues hanté par ses créations, n’auraient jamais dû se rencontrer. Pourtant, ils se retrouvent liés par un secret qui dépasse leur propre existence : Ève, une IA mystérieuse que certains vénèrent comme un oracle et que d’autres veulent détruire.
Alors que la Cité-Monde et la Synarchie des Nations Technocratiques se livrent une guerre froide technologique, que les Rêveilleurs prônent un retour au réel et que Nexus Immersion impose un futur fusionnant conscience humaine et intelligence collective, la frontière entre illusion et vérité s’efface.
À mesure que l’ancien monde vacille et que la révolte gronde, une autre menace émerge. Machines et humains s’interrogent sur leur propre nature, et chacun devra choisir son camp… avant que la Nappe ne révèle ce qu’elle dissimule depuis trop longtemps.
Un thriller cyberpunk haletant où transhumanisme, intelligence artificielle et révolte sociale s’entrelacent dans une lutte pour l’avenir de l’humanité.
Extraits




Certains avatars cherchaient à capter l’attention de Mia par des gestes surjoués, presque caricaturaux, espérant l’inciter à s’arrêter pour entamer une conversation. Elle les ignora, consciente que ces échanges finiraient par se transformer en conseils rémunérés ou en recommandations commerciales subtilement déguisées. Elle se contenta de laisser son propre avatar refuser poliment, poursuivant son chemin sans ralentir.
Un peu plus loin, un rang compact de silhouettes impeccablement alignées se dressait sur son passage, comme une haie silencieuse figée dans une attente passive. Au fur et à mesure qu’elle passait à leur hauteur, ces avatars s’animaient l’un après l’autre. Tous s’approchaient d’elle, un curriculum vitae projeté en évidence, se déclarant ouverts à toute opportunité d’emploi, quelle qu’elle soit. À la fois symptôme et moteur de la fracture d’une société devenue esclave de son économie numérique déshumanisée, cette parade de séduction perpétuelle des travailleurs précaires était l’évolution contemporaine de la mendicité, aseptisée et automatisée.
»LES PERSONNAGES
Mia
Influenceuse sous pression
Nom : Mia SimSireN
Statut : Influenceuse immersive / ProPHeTe officielle Nexus Immersion
Localisation : Cité-Monde, Cluster E6
Connexion : Implant SynAPSE – Interface neuronale à la Nappe
Qui est Mia ?
Mia est une figure publique très suivie dans la Cité-Monde. Icône de la culture connectée, elle incarne la nouvelle génération d’humains hybridés : entre ultra-présence sociale et absence de repères réels. Chaque jour, elle modèle son univers à travers la Nappe, la réalité augmentée omniprésente, et diffuse ses “DeepCasts” auprès de milliers d’abonnés.
Derrière ses avatars impeccables, Mia cherche autre chose. Une faille. Un souffle. Quelque chose de vrai. Elle interroge ses choix, ses sensations, son rôle dans un monde où même les émotions peuvent être sponsorisées.
Capacités & Spécificités
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Maîtrise de la Nappe : Elle navigue avec aisance dans les couches de réalité augmentée, modifiant à volonté apparence, décor, ambiance.
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Création d’univers immersifs : Artiste de l’intime digital, elle sculpte les sensations comme on compose une chanson.
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Connexion émotionnelle : Derrière le vernis publicitaire, elle touche ceux qui doutent, qui cherchent, qui veulent encore ressentir.
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Résilience sociale : Elle sait garder la face. Mais à quel prix ?
Extrait caractéristique
« Une vie de rêve, non ? Tu parles… Une belle vie de zheuss bien emballée dans du strass, ouais. Y’a des moments glazzie, c’est vrai, mais l’envers du décor est lourd. »
Intention de l’auteur
À travers Mia, je voulais explorer ce que signifie “vivre” dans un monde saturé d’artifices. C’est un personnage miroir : elle reflète nos contradictions, nos faux-semblants, notre quête d’instantané et de sens mêlés. Elle ne cherche pas la lumière. Elle cherche l’interrupteur.
Mia, c’est la solitude sous les projecteurs. Le confort devenu cage. L’humain augmenté qui commence à douter de ce qu’il reste d’humain.
Dominique Simon
L’intelligence au sommet
Nom : Dominique Simon
Statut : Ancien PDG de Nexus Immersion / Président de l’Agora
Environnement d’influence : Hautes sphères technocratiques de la Cité-Monde
Particularité : Stratège du pouvoir et égérie de la fluidentité
Qui est Dominique Simon ?
Dominique Simon est l’une des figures les plus influentes de la Cité-Monde. En tant que président de Nexus Immersion, il a façonné l’architecture sociale et psychique de l’époque à travers le développement de la Nappe. Orateur redoutable, meneur naturel, il exerce une autorité aussi incontestable que dérangeante.
Dominique est aussi le symbole ultime de la fluidentité : changement de genre, de rôle, d’apparence, de fonction… tout chez lui échappe aux catégories figées. Il ne performe pas un genre, il le transcende pour n’incarner qu’une chose : l’essence humaine en mouvement.
Toujours irréprochable, toujours maîtrisé, Dominique cultive un art rare : celui d’imposer sa vision sans jamais hausser le ton. Il incarne la puissance froide, celle qui n’a pas besoin de frapper pour faire plier.
Mais sous le vernis du contrôle absolu, une cicatrice : LILITH. Une trace ancienne, une absence qui ne guérit pas. Personne ne sait s’il s’agit d’un programme, d’un amour perdu, ou des deux à la fois. Mais tout chez Dominique semble articulé autour de cette faille secrète.
Capacités & Spécificités
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Vision stratégique : Anticipe les conflits sociaux, technologiques et politiques avec une précision chirurgicale.
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Maîtrise de la Nappe : Utilise la réalité augmentée comme un levier d'influence à grande échelle.
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Charisme glacial : Fait exister le silence comme une arme de persuasion.
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Leader politique : Navigue les rapports de force avec calme, précision et un sens inné du timing.
Extrait caractéristique
« C’est Monsieur Simon ! Je suis fluidentitaire mais aucune de mes identités n’a jamais été de genre neutre. Est-ce que j’ai l’air androgyne ? »
Intention de l’auteur
Dominique Simon est une figure du pouvoir pur. Pas celui des armes ni des cris, mais celui de la narration, de l’image, du contrôle. Il ne s’adapte pas au monde : il le façonne. Il représente ce que le progrès technologique peut produire de plus séduisant et de plus inquiétant à la fois.
À travers lui, j’interroge le coût de la maîtrise absolue. Que reste-t-il d’humain quand tout est calibré, anticipé, optimisé ? Dominique ne cherche pas la vérité. Il cherche l’efficacité. Et dans un monde saturé de récits, c’est peut-être cela, la vraie souveraineté : écrire celui qui s’imposera aux autres.
Jo
Le survivant reconstruit
Nom : Jo (Joseph Monier)
Statut : Ancien mercenaire / survivant augmenté
Localisation : La Zone
Augmentations : Crâne partiel, épaule et bras gauche, organes internes. Interface neuronale rudimentaire.
Qui est Jo ?
Jo a été un soldat, un chien de guerre, payé pour voir l’indicible et se taire. Puis une mine l’a démembré. Ce qu’il en reste ? Un corps rafistolé, la peau remplacée par du métal nu, et une langue bien pendue.
Depuis, Jo cultive des champs dans la Zone, là où personne ne veut mettre les pieds. Plus par absence d’options que par amour de la terre. Sa chair est morte, son avenir aussi. Alors il s’agrippe à ce qu’il peut : ses machines, son humour brutal, ses colères et ses silences.
Capacités & Spécificités
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Force physique hors norme : Résultat de ses augmentations de guerre. Jo déplace des bennes à ordures d'une main.
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Expérience du combat : Vétéran endurci, instinct affûté, tacticien instinctif.
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Survie en zone hostile : Seul dans la Zone, Jo gère une exploitation agricole avec un système D solide.
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Lucidité brutale : Voir la mort de près, ça polit la langue comme ça rouille les illusions.
Extrait caractéristique
« Voilà ce qu’il me reste : ma tête, et encore en partie, mon épaule gauche, mon bras gauche et les organes vitaux. Le gourdin va bien aussi, t’inquiète. Le reste, c’est que de la mécanique. D’occasion et sans fausse peau. »
Intention de l’auteur
Jo est la mémoire vive d’un monde qu’on a broyé. Il incarne les oubliés de la modernité, ceux qu’on laisse derrière pendant que la Nappe promet des mondes parfaits. Il n’est pas là pour faire joli. Il est là pour dire que le progrès a un coût, et que ce coût a un nom, un visage, un corps cabossé.
Jo parle fort, boit sec, cogne dur. Mais derrière ses tirades d’écorché, il reste un homme en quête de dignité. Sa tendresse est rare, mais absolue. Quand elle surgit, elle bouscule tout.
Kao
Le stratège caméléon
Nom : Kao (nom complet inconnu)
Statut : Directeur de la communication chez Nexus / Directeur de campagne politique
Origine : Inconnue – probablement Basse-Ville
Particularité : Maître de la manipulation, histrion du pouvoir
Qui est Kao ?
Kao est un personnage déconcertant, insaisissable. À la fois clown tragique et stratège de l’ombre, il incarne une forme de pouvoir fondée sur la démesure, la provocation et le verbe. Nommé directeur de la communication de Nexus et bras droit de Dominique Simon, il agit dans l’ombre du trône tout en monopolisant souvent la lumière.
Capable de basculer d’un registre comique à une violence crue en quelques secondes, il impose son autorité par la théâtralité autant que par l’intimidation. Ses discours sont baroques, truffés de métaphores absurdes, de poses grandiloquentes et de déclarations semi-mystiques. Il fascine autant qu’il effraie.
Mais sous l’exubérance et la gouaille, Kao est un calculateur. Il travaille à des projets technologiques d’envergure, dont l’ambition ultime est de réécrire la dépendance humaine : un sevrage numérique qui imite la drogue sans en être une. Il avance masqué, mais toujours dans l’intérêt d’un pouvoir supérieur – le sien ou celui qu’il sert.
Capacités & Spécificités
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Maître de la parole : Utilise la rhétorique comme arme de domination ou de distraction
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Manipulation émotionnelle : Sait détecter les failles chez les autres pour les instrumentaliser
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Double jeu permanent : Mène ses affaires entre éthique affichée et intérêts obscurs
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Visionnaire trouble : Porte des projets technologiques radicaux, entre innovation sociale et dérive totalitaire
Extrait caractéristique
« Mes précieux amis, mes illustres camarades, oserais-je m’aventurer jusqu’à vous désigner comme mes chers et tendres enfants, tant est grande l’affection que j’ai pour chacun d’entre vous. La honte qui me ronge m’oblige à vous demander pardon pour cette entrée en scène maladroite et inopportune. Les passions dévorantes ont ébranlé le socle de ma raison… »
Intention de l’auteur
Kao est l’incarnation de la parole qui dévore. Il représente une forme de pouvoir moderne fondée sur le spectacle, l’excès et la confusion volontaire. Il fascine, il amuse, il agace, mais surtout : il déstabilise. Rien chez lui n’est neutre. Il joue tous les rôles à la fois – leader, martyr, prophète, escroc.
À travers lui, je voulais explorer l’ambiguïté des figures de pouvoir secondaires : ceux qui n’occupent pas la première place mais tirent les ficelles. Kao est le bouffon roi, celui qui dit tout haut ce que les puissants pensent tout bas.
Loup
Le codeur hanté
Nom : Inconnu (alias “Loup”)
Statut : Hacker déclassé / Ancien programmeur de cyberdrogues
Origine : Les quartiers du Centre
Particularité : En lutte perpétuelle contre l’absurde
Qui est Loup ?
Loup est un ancien programmeur de cyberdrogues, figure recluse du monde immersif qu’il a contribué à façonner. Intellectuel discret, rongé par la culpabilité, il vit en marge, comme un spectre dans un univers qu’il a corrompu de l’intérieur. Génie des algorithmes sensoriels, il connaît les failles de la Nappe, les manipulations invisibles, les chaînes qu’on installe dans le plaisir. Pourtant, il s’est retiré, volontairement, après avoir vu ses créations dévorer ceux qui y touchaient.
Silencieux, analytique, presque ascétique, il cherche non pas la rédemption, mais une compréhension.
Loup n’est pas un héros. Ni un modèle. Il est ce qu’on devient quand on a trop vu, trop fait, trop perdu. Réputé pour ses choix radicaux, ses virées nihilistes et ses longues errances mentales, il a un pied dans le passé, l’autre dans le gouffre.
Capacités & Spécificités
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Hacker organique : Ancien spécialiste des drogues virtuelles, capable de manipuler la Nappe à un niveau sensoriel profond.
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Lucidité toxique : Capacité rare à voir le monde tel qu’il est, au prix d’un désespoir constant.
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Fêlure consciente : Il marche avec ses fantômes, les yeux ouverts.
Extrait caractéristique
« L’homme est un loup pour l’homme. J’accepte ce que je suis. Ce que nous sommes tous. Je porte ce pseudonyme pour ne jamais l’oublier. »
Intention de l’auteur
Loup, c’est la figure de celui qui a perdu foi en toute narration globale mais continue d’avancer, à sa manière. Il refuse les mensonges du confort, les anesthésies du virtuel, les récits prémâchés. Sa quête n’est ni spirituelle ni idéologique : c’est une résistance nue à l’effacement de l’intelligence humaine.
À travers lui, j’explore ce que cela signifie de rester éveillé dans un monde qui récompense l’endormissement. De penser encore, alors que la pensée elle-même devient un bruit parasite.
Loup ne cherche pas à être sauvé. Il cherche juste à rester lucide – et ça, aujourd’hui, c’est déjà une forme de courage.
Baku
L’art de semer le doute
Nom : Baku / le Précepteur (Julien Blaise)
Statut : Chef local des Rêveilleurs / Meneur de cellule clandestine
Origine : Inconnue – probablement lié aux circuits intellectuels ou militaires
Particularité : Maître du paradoxe, architecte des éveils
Qui est Baku ?
Baku est une figure double, énigmatique, charismatique. À la tête d’un groupe de Rêveilleurs, il incarne un contre-pouvoir à l’ordre technocratique dominant. Cultivé, courtois, manipulateur doux, il accueille Mia dans son réseau comme on tend un miroir à une conscience en crise. Il agit sans haine, sans brutalité, mais avec une fermeté tranquille qui lui donne des allures de philosophe combattant.
Son apparente bienveillance est tempérée par un redoutable pragmatisme : il recrute, influence, infiltre. Il connaît les failles du système, les failles humaines surtout. Et il les utilise avec une patience presque paternelle. On ignore tout de son passé, sinon qu’il aurait aidé Loup à se libérer de ses addictions et qu’il observe Mia depuis longtemps, convaincu de son rôle dans un basculement à venir.
Capacités & Spécificités
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Stratégie d’influence douce : Excelle dans l’art d’amener l’autre à croire que l’idée vient de lui
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Culture philosophique & politique : S’exprime avec précision, citation et nuance
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Double visage : Alterne chaleur humaine et froideur chirurgicale
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Maîtrise du renseignement : Tient des dossiers complets sur ses cibles, obtenus légalement ou non
Extrait caractéristique
« La réalité est un simple point de vue, tout est question d’interprétation. Supprime l’opinion fausse, tu supprimes le mal. »
Intention de l’auteur
Baku représente l’ambiguïté de la résistance. Ni radical ni passif, il compose avec le système pour mieux l’amener à se fissurer. Il joue de la frontière entre éveil et manipulation, entre soin et stratégie. Avec lui, je voulais explorer ce que signifie « libérer » quelqu’un dans un monde où toute libération peut devenir une nouvelle forme de contrôle.
Il est à la fois mentor et piège. C’est un homme de conviction, mais aussi de calcul. Il ne cherche pas à dominer, mais à influencer profondément – parfois au prix de la clarté morale. Il ne libère pas : il oriente l’éveil.
la Cité-Monde
C’est là.
Là que tout se noue, se fige, s’étend comme une tache d’huile sur la surface du monde.
Une ville si vaste qu’elle ne porte plus de nom propre.
Juste... la Cité-Monde.
Une désignation standardisée, conforme au protocole.
Une respiration artificielle, rythmée par des flux de données et des battements de drones.
On y vit. Mais plus vraiment.
On y erre, bercé par la Nappe, cette couche de réalité augmentée collée à la rétine, qui masque les fissures, les rides, les vérités.
On cohabite. Mais plus vraiment.
On se croise. On s’ignore.
On sourit avec des visages programmés.
Le monde est lisse.
Trop lisse.
Comme une interface sans poussière.
Les riches vivent suspendus dans des paradis simulés, abonnés au confort algorithmique.
Les autres ? Les Obsolètes ?
Ils coulent lentement.
Hors champ. Hors signal. Hors d’eux-mêmes.
Le béton pleure sous les filtres roses.
Les enfants naissent connectés.
Les anciens meurent en silence.
Et entre les deux, on vend son attention à la seconde.
La réalité ?
Un bug.
Un bruit de fond qu’on étouffe avec des musiques douces, des parfums synthétiques, des avatars trop souriants.
Et pourtant…
Parfois…
Quelqu’un désactive tout.
Coupe la Nappe.
Affronte le monde nu.
Alors, le vrai visage de la Cité-Monde apparaît :
Gris.
Poisseux.
Sublime dans sa misère.
Et là, peut-être, commence l’histoire.